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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1652]

le peuple, et pour faire sortir avec sûreté ceux qui étoient investis, dans la maison de ville.

Cette princesse et ce prince furent donc envoyés par Monsieur à l’hôtel-de-ville pour en apaiser le désordre. Mais, au lieu de se hâter, ils s’amusèrent à disputer en chemin qui d’eux avoit plus de crédit parmi le peuple. Mademoiselle soutenoit au duc de Beaufort qu’il ne seroit pas en sûreté sans elle ; et lui, qui se piquoit de l’amitié du peuple plus que de toutes choses, l’assuroit au contraire que c’étoit lui qui lui procuroit cette sûreté. Mais enfin on leur fit apercevoir que leur contestation étoit fort inutile et même dangereuse, parce que le mal pressoit beaucoup : ce qui les obligea à ne penser : plus qu’à s’avancer dans la plus grande diligence qu’il leur fut possible pour faire cesser le désordre, lequel finit cependant encore plus par les ordres secrets de M. le prince que par leurs présences.

Madame de Rhodes, qui étoit allée faire quelques négociations avec M. le cardinal, lui parloit chez la princesse palatine, lorsque les nouvelles lui vinrent du feu et du carnage de l’hôtel-de-ville et comme le maréchal étoit son beau-père et qu’elle l’aimoit fort, elle s’évanouit d’effroi pour lui.

Le cardinal, jugeant bien de l’avantage qui lui reviendroit de cette violence dont on lui apprenoit la nouvelle, et présumant qu’il n’avoit plus besoin de personne, se soucia peu de ce que madame de Rhodes lui vouloit dire, et la quitta brusquement pendant qu’elle étoit évanouie. Quand elle revint de son évanouissement, elle fut si outrée du peu de cas qu’il avoit fait et d’elle et de ses négociations, qu’elle