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[1652] MÉMOIRES

principalement sur les plus grands frondeurs, parmi lesquels périrent Miron et Janvri.

Le maréchal de L’Hôpital, gouverneur de la ville, à qui on en vouloit particulièrement, se trouva fort embarrassé. Il cacha son cordon bleu, et il se déguisa si bien et si heureusement qu’il échappa de leurs mains comme par miracle, et qu’il sortit de Paris.

On ne sait point au vrai qui fut la cause d’un si grand désordre. Tout le monde le désavoua. Mais ce qui a passé pour être le plus constant, c’est que M. le prince ne voulant seulement que faire peur à l’assemblée de l’hôtel-de-ville, pour empêcher qu’on n’y délibérât rien que ce qu’il vouloit, les soldats allèrent plus loin que leurs ordres. On dit qu’un homme de grande distinction, qui paroissoit cependant fort attaché à la cour, avoit mandé à M. le prince qu’il falloit faire quelque action d’autorité qui marquât avec éclat son pouvoir, pour rendre son accommodement plus avantageux.

Il y a eu même des politiques qui ont pensé que des gens dévoués à la cour poussèrent ces troupes à de grandes violences, exprès pour dégoûter les peuples des princes.

Enfin, je ne sais ni quelle en fut l’intention, ni qui en furent les auteurs ; mais ils demeurèrent entièrement décrédités parmi le peuple, qui commençoit à s’ennuyer beaucoup de la guerre, et qui perdit tout le goût qu’il avoit eu pour la Fronde.

M. le duc d’Orléans, qu’on connoissoit incapable de ces violences, n’en fut point accusé : aussi vint-on en grande hâte l’en avertir. Et Mademoiselle et M. de Beaufort étant chez lui, il les y envoya pour apaiser