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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1652]

beaucoup d’officiers des cours souveraines qui y étoient comme colonels de leurs quartiers, et le maréchal de L’Hôpital comme gouverneur de la ville.

Aussitôt qu’ils furent assemblés, on vit toute la Grève remplie de gens qui ne paroissoient être que du peuple ; mais, par ce qu’ils firent, ils prouvèrent bien qu’ils n’étoient rien moins que ce qu’ils paroissoient.

Ils commencèrent donc par menacer tous ceux de cette assemblée de les tuer et de les brûler, s’ils ne consentoient à tout ce qu’on désíroit d’eux ; et, sans savoir ce qui s’y passoit,’ils se mirent à tirer et à vouloir monter aux fenêtres de l’hôtel-de-ville, d’où, pour repousser l’injure, on voulut tirer aussi. Et ce qui fit bien connoître que ceux qui attaquoient étoient des gens de guerre, c’est que, bien loin de s’effrayer des coups qu’on leur tiroit, ils continuèrent à s’approcher. On dit même qu’on avoit entendu qu’ils se disoient : « À moi, Bourgogne ! à moi, Condé ! » qui étoient les noms des régimens de M. le prince.

Le désordre alla encore plus loin ; et ceux qui le faisoient poussèrent leur insolence jusqu’à faire approcher auprès de la porte des fagots, où ils mirent le feu. Ceux qui étoient dans la maison de ville, qui voyoient qu’on les alloit brûler, que la porte étoit déjà enflammée et que la fumée les étouffoit, se hasardèrent de sortir ; mais ils n’en rendirent pas leur condition meilleure. Il y en eut un très-grand nombre de tués[1], et l’on remarqua que le malheur tomba

  1. Il y en eut un très-grand nombre de tués : Cet événement arriva le 4 juillet 1652.