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[1652] MÉMOIRES

paroître se mettre beaucoup en peine du parti qu’il avoit pris et qu’il abandonnoit. Madame [1] en pensa mourir de chagrin, et cela n’en inquiéta pas davantage le duc son frère.

M. de Nemours et M. de Beaufort, qui étoient en froideur il y avoit long-temps, se raccommodèrent au combat de Saint-Antoine ; mais leur intelligence ne dura guère. Monsieur forma un conseil dans Paris, dont ils furent tous deux ; et la dispute de rang ayant rappelé leur ancienne jalousie, M. de Nemours fit appeler M. de Beaufort, qui le tua de deux balles dans le cœur. Le combat fut de cinq contre cinq, dont il y en eut encore deux qui furent tués.

Peu de temps après cela, le peuple s’avisa d’une espèce de manie qui parut tout d’un coup, sans qu’on ait su qui la commença. C’étoit que, pour marquer qu’on étoit bon frondeur et zélé pour le parti, il falloit avoir de la paille sur soi. Cette manie alla si loin que ceux qui n’en avoient pas étoient réputés mazarins, et fort en péril de leur vie ; en sorte que tout le monde, sans exception, étoit obligé de porter cette marque du parti qu’il y tenoit, jusque-là même que l’on vit des religieux avoir de grands bouquets de paille sur leur froc.

M. le duc d’Orléans et M. le prince vouloient que la ville demandât l’union avec le parlement et les princes, et qu’elle confirmât la lieutenance générale de Monsieur, laquelle avoit déjà passé au parlement.

Pour cet effet, on tint une grande assemblée dans la maison de ville, où non-seulement se trouvèrent les échevins et les. conseillers de ville, mais encore

  1. Madame : Elle étoit sœur du duc de Lorraine.