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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1652]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1652] 525 cette nature ; et on l’arrêta là, d’où il fut mené prisonnier à Philisbourg.

Quelque temps auparavant, M. le comte d’Harcourt avoit été fait gouverneur de Brisach, pour récompense d’avoir mené les princes au Havre, parce que c’étoit la coutume de ce temps-là de se faire payer bien cher les services que l’on rendoit. Le comte d’Harcourt ayant donc Charlevoi en son pouvoir, et la garnison de Brisach n’ayant point été changée, il fit proposer à son prisonnier de le délivrer, pourvu qu’il le rendît maître de cette place : ce que Charlevoi exécuta. Par ce moyen le comte d’Harcourt se trouva le maître des deux principales places de l’Alsace ; et avec ce qu’il y avoit de troupes il assiégea Béfort, sur le prétexte que

le comte de La Suze (¹), qui y commandoit, étoit dans les intérêts de M. le prince.. On apprit tout cela à la cour avec bien du chagrin ; mais l’on n’y pouvoit apporter de remède.. Quoique le Roi fût majeur, M. le duc d’Orléans ne laissa pas de se faire déclarer à Paris lieutenant général du royaume. On passa encore plus avant : on y mit à prix la tête de Mazarin, quoiqu’il ne fût pas justiciable du parlement, étant cardinal. Monsieur sachant que le Roi tournoit du côté de I’lle de France, et craignant qu’il ne se rendît maître d’Orléans, y envoya mademoiselle sa fille, laquelle (1) Le comte de La Suze : Il avoit épousé Henriette de Coligny, fort connue dans les lettres sous le nom de comtesse de La Suze. La jalousie de l’époux, l’humeur galante de la femme, donnèrent lieu à de grands. débats qui aboutirent à une séparation. Madame de La Suze, qui étoit’ belle et aimable, se rendit célèbre par des élégies, des madrigaux et des chansons, où l’on trouve plus de sensibilité que d’élégance et d’harmonie.