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[1652] MÉMOIRES

[1652] MÉMOIRES. négocier avec cet homme. Mais elle y réussit par des

moyens si extraordinaires, au moins si l’on en veut croire ce qu’on en disoit en ce temps-là, que’je ne sais si une autre auroit voulu et rendre et recevoir un service à de pareilles conditions. Voici donc comme on racontoit la chose. La maréchale, disoit-on, savoit que les femmes avoient un grand ascendant sur Charlevoi, et qu’il avoit un grand foible pour elles. Ce qui l’obligea à prendre pour l’accompagner une demoiselle des mieux faites, et de facile composition, pour imposer à Charlevoi celles qu’elle désireroit : ainsi elle n’eut qu’à lui prescrire la manière dont elle vouloit qu’elle se conduisît. La maréchale arriva accompagnée de cette demoiselle pour négocier avec lui ; et, en allant voir les raretés de Brisach, elle donnoit tout le temps à Charlevoi de voir et d’entretenir cette personne. Comme elle étoit belle et coquette, elle n’eut pas de peine à donner dans la vue à Charlevoi, lequel s’attacha beaucoup à lui faire sa cour, parce qu’il la croyoit une bonne fortune. Elle de son côté, dont le métier n’ n’étoit que d’engager, et non pas d’être cruelle, ne le parut à Charlevoi qu’autant qu’elle le jugea à propos pour le succès. des desseins de la maréchale de Guébriant, laquelle, voyant leur intelligence assez bien établie pour pouvoir exécuter ce qu’elle en vouloit faire, sortit de Brisach pour aller dans une maison à quelques heures de la ville, où elle avoit accoutumé d’aller de temps en temps. Elle feignit d’y être malade pour n’aller point à Brisach : elle obligea cette étrange demoiselle à donner dans cette maison un rendez-vous à Charlevoi, qu’on ne pouvoit tirer de Brisach sans quelque artifice de