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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1652]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1652] de réussir ; car il fit si bien avec toutes ses incertitudes, qu’il empêcha qu’il n’y eût des gens de guerre dans toute la Normandie, qu’elle demeura paisible dans un temps où tout le reste du royaume étoit au pillage et en feu par les soldats : ce qui charmoit les Normands, qui sont naturellement assez intéressés, et ce qui leur a rendu long-temps la mémoire de ce prince très-chère.

Pour remédier aux desseins et aux entreprises de la Fronde, la cour fit rapprocher. non-seulement les troupes qui étoient destinées pour la guerre contre

M. le prince, mais encore celles des frontières : ce qui fut cause que dans cette campagne les Espagnols prirent Dunkerque, Gravelines, Barcelone et Casal. Peu s’en fallut même que la France.ne perdit l’Alsace, par la rencontre que je vais dire ; mais pour la bien expliquer il faut prendre la chose de plus loin. Après la mort d’Erlac, qui étoit gouverneur de Brisach, un nommé Charlevoi s’en trouva le maître absolu, par le grand crédit qu’il avoit dans la garnison. Comme c’étoit un temps de troubles, on craignoit qu’il ne voulut se faire trop acheter, ou plutôt qu’il ne voulût point se faire acheter du tout, et qu’il ne traitât avec l’Empereur pour garder cette place en propre, en relevant seulement de ce prince.. Comme. Charlevoi dans tous les temps avoit été fort attaché au maréchal de Guébriant, la maréchale son épouse (1), qui le connoissoit beaucoup et qui savoit de quoi il étoit capable, se chargea à la cour d’aller (1) La maréchale son épouse : Renée Du Bec. Son mari, Jean-Baptiste de Budes, avoit été tué en Allemagne au siége de Rothweil le 24 novembre. 1643.