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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

517DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] maîtres du ministère parussent d’abord, connoissant le penchant que cette princesse avoit pour ses parens et pour les étrangers, ils introduisirent le prince Thomas de Savoie, son cousin germain (1), dans la place du cardinal Mazarin. Ce prince étoit un homme assez pesant, lequel avoit néanmoins de très-bonnes intentions, et qui savoit la guerre, quoiqu’il y eût toujours été malheureux. D’ailleurs, lorsqu’on pouvoit s’apercevoir qu’il avoit du sens, on trouvoit qu’il étoit bon ; mais on ne s’en apercevoit pas souvent, parce qu’il étoit bègue ; qu’il parloit fort gras et un mauvais français, et qu’avec tout cela il étoit encore sourd. On faisoit toutes les dépêches en sa présence ; et la Reine prenoit une grande confiance en lui. Mais, ce qui est rare, c’est qu’il fut favori et presque premier ministre, sans qu’il en eût seulement le moindre soupçon. Le cardinal, qui en savoit plus de nouvelles que lui-même, étoit fort mécontent de tout ce qui se pas— soit à la cour ; et il avoit peur que, , s’il en demeuroit

plus long-temps éloigné, il n’eût peine à y revenir. Madame de Navailles, femme d’un homme attaché à lui, pressant un jour son retour auprès de la Reine, cette princesse lui dit ces mêmes mots. : « Ma pauvre .femme, vous pouvez juger que personne ne sou « haite tant que moi qu’il revienne ; mais le pauvre « homme est malheureux : les affaires vont fort bien << entre les mains de ces gens-ci, et il faut qu’avant « son retour on ait poussé M. le prince. >>

Ce que la Reine dit à cette dame, et ce que le carV (1)

Son cousin germain : Il étoit beau-frère de la duchesse de Savoie, sœur de Louis XIII.

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