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[1651] MÉMOIRES

[165] MÉMOIRES ce prince si chagrin d’avoir manqué cette place, c’est qu’il avoit compté qu’elle lui devoit servir de passage pour sortir de la province ; et que, de plus, il s’étoit engagé qu’en s’en rendant le maître il porteroit la guerre ailleurs et par ce mauvais succès il se voyoit hors d’état de pouvoir exécuter ce qu’il avoit promis. D’ailleurs le Roi avançoit en Guienne : ce qui faisoit perdre à ce prince beaucoup de son crédit, et ce qui dégoûtoit même encore extrêmement tous ceux de son parti : outre qu’il fut très-mal servi par les gens qui avoient reçu ses ordres et son argent pour lui lever des troupes, et qui n’en levèrent pas la dixième partie. de celles qu’il pouvoit attendre, et qu’on lui avoit fait espérer. Aussi auroit-il été entièrement perdu dès ce moment-là, sans la résolution que prit le cardinal, par laquelle il rétablit lui-même les affaires de ce prince : ce qui donna lieu en ce temps-là de dire que les chefs de parti ne se maintenoient pas si bien par leur habileté que par les fautes de leurs ennemis. Cette résolution du cardinal fut de revenir à la cour ; et je vais instruire des raisons qui lui en donnèrent envie.

Le public étoit persuadé que Mazarin, étoit toujours dans une grande faveur auprès de la Reine, et que pour le faire revenir elle seroit capable de renverser tout le royaume ; mais, pour ce cardinal, il s’apercevoit qu’elle étoit fort accoutumée à se passer de lui. Les ministres s’en apercevoient encore mieux. Mais comme Châteauneuf et Villeroy auroient eu peine à lui devenir assez agréables par eux-mêmes pour s’emparer de toute la faveur, et qu’ils ne vouloient point que les desseins qu’ils avoient d’être seuls les