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[1651] MÉMOIRES

[1651] MÉMOIRES neuf et de Villeroy (1) la gouvernèrent tout comme les autres avoient fait, quoiqu’ils l’eussent trahie de concert avec madame de Chevreuse. Dès qu’ils furent seuls au conseil, ils lui firent donner une déclaration par laquelle elle s’engageoit de ne faire jamais revenir le cardinal, sans s’apercevoir du tort que lui pouvoit faire une pareille déclaration. Il est vrai que l’on crut que la Reine l’avoit faite avec la participation de ce cardinal. Mais on a vu depuis une lettre de lui, écrite à M. de Brienne, où il s’en plaint extrêmement, et où il en paroît fort offensé. Le coadjuteur ne sachant plus que faire, et voyant qu’il avoit peu d’agrément dans les deux partis, s’avisa de prendre un nouveau ton. Il dit que, pour ne se plus mêler de rien, il vouloit se retirer, et ne se divertir plus que de ses oiseaux. Il ne prétendoit pas cependant qu’on le crût ; et au contraire il vouloit . faire imaginer par cet art de fort grands mystères. Mais, comme la vérité se fait toujours connoître, on jugea aisément que ce qu’il disoit sans le vouloir persuader le faisoit paroître encore plus véritable qu’il ne pensoit et qu’il n’eût voulu. La majorité du Roi étant sur le point d’arriver, M. le prince vit bien qu’il seroit encore moins en sûreté qu’il n’y étoit auparavant ; mais, entêté toujours de la peur que son départ donneroit, il se détermina enfin de partir pour la Guienne le plus tôt qu’il lui seroit possible.

Il résolut donc de ne se point trouver à la cérémonie de la majorité, et alla sur le chemin de Nor4¹ (1)

De Villeroy : Nicolas de Neufville, duc et pair, et maréchal de France, Il étoit gouverneur du jeune Louis XIV.