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[1651] MÉMOIRES

[1651] MÉMOIRES à Bourges, comme on l’avoit promis à son mari, vouloit la guerre, afin que M. le prince pût aller à son gouvernement, dans l’espérance qu’elle lui pourroit être plus utile dans la guerre que dans la paix ; et que M. de Longueville ne le suivant point en Guienne, il ne seroit plus si considéré de M. le prince à son préjudice. Le

duc de La Rochefoucauld étoit de même sentiment, parce qu’il vouloit s’éloigner de Paris à quelque prix que ce fût, ayant peur qu’un prince, dont il connoissoit bien mal le caractère, ne l’y fit tuer, ou que les frondeurs ne l’y fissent battre. De sorte que madame de Longueville et La Rochefoucauld obsédoient si bien M. le prince, qu’ils le portèrent à faire tout ce qu’ils voulurent, quoiqu’il n’eût ni estime ni amitié pour aucun des deux. Comme ils le connoissoient à fond, ils se servirent de ses deux principaux foibles, dont l’un étoit l’intérêt, et l’autre la vanité de croire qu’on le craignoit toujours beaucoup, et que l’on ne se pouvoit passer de lui. Ils lui insinuèrent donc que la Reine appréhendoit fort qu’il ne formât un parti ; et que s’il faisoit la moindre démarche pour le faire croire, ou bien qu’il feignît de tourner ses pas du côté de la Guienne, on lui enverroit offrir tout ce qu’il pourroit souhaiter. De sorte qu’il n’eut pas de peine à se laisser persuader là-dessus.

Il se disposa donc pour partir, et il envoya auparavant sa sœur à Bourges, comme il avoit promis à son mari.

Mademoiselle de Longueville avoit été fort maltraitée de madame sa belle-mère et de M. le prince,