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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] 50g

M. de Brissac, qui s’aperçut de ce qui s’étoit passé, se leva de sa place pour ouvrir la porte au coadjuteur et pour le faire rentrer ; et il dit à M. de La Rochefoucauld que, s’ils étoient dans un autre lieu, il lui donneroit cent coups d’éperons, parce qu’il ne valoit pas la peine qu’on se battît contre lui : ensuite de quoi ils revinrent dans leur place ; et M. de La Rochefoucauld, en serrant la main du coadjuteur et celle du duc de Brissac, leur dit à demi bas : « Je voudrois « vous avoir étranglés. » Sur quoi le coadjuteur lui repartit, en l’appelant du nom que la Fronde lui avoit donné : « Ne vous émouvez point tant, cama «  rade La Franchise, il ne peut rien arriver entre vous « et moi ; car vous êtes un poltron, et je suis un . prêtre. » Ceux qui étoient présens à cette conversation tâchèrent de l’adoucir ; mais tout ce qu’ils purent faire fut de la rompre. · Avec tout l’esprit qu’avoit M. le prince, il se tiroit toujours assez mal des assemblées du parlement ; et le premier président, qui ne l’aimoit plus, lui rompoit toujours en visière. Il lui demandoit pourquoi il ne voyoit pas la Reine, et si c’étoit qu’il voulût élever autel contre autel.

Durant toutes ces assemblées du parlement, on ne laissoit pas de négocier toujours entre la Reine et M. le prince ; mais on lui offroit peu de chose. C’étoit l’esprit de la cour de ce temps-là de réduire tout en négociation.

M. le prince, de son côté, souhaitoit beaucoup l’accommodement. Il haïssoit les partis, et il savoit bien qu’il n’y étoit pas propre. Mais madame de Longueville, qui voyoit bien qu’elle alloit être reléguée