Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 34.djvu/510

Cette page n’a pas encore été corrigée
508
[1651] MÉMOIRES

[165] MÉMOIRES que ces nouveaux ministres étoient entrés dans le conseil sans sa participation. Dans cet esprit d’aigreur, il sut tellement balancer les deux partis par son mécontentement’ joint à son incertitude ordinaire, aussi bien qu’à celle du parlement, qu’il leur ôta tout leur crédit à tous, sans même en conserver beaucoup pour lui ; et l’on demanda en ce temps-là qu’étoit devenue l’autorité royale, puisque, la Régente l’ayant perdue, clle ne paroissoit passée à aucun autre. Ensuite de cela M. le prince vint plusieurs fois luimême au parlement, où il fit venir beaucoup de gens armés dans la grand’salle ; et la Reine y envoya des compagnies tout entières pour y garder le coadjuteur, tant les intérêts étoient changés. Dans une de ces assemblées, où il y avoit plus de gens de guerré qu’à l’ordinaire, le premier président Molé dit qu’il étoit étrange que le lieu destiné à rendre la justice fût devenu une place d’armes ; et ajouta que, pour rétablir les choses dans l’ordre et dans la tranquillité où elles devoient être, et faire disparoître ces gens armés, il falloit que chacun fit retirer ceux qu’il connoissoit. Le coadjuteur fut au passage des huissiers pour dire aux gens de guerre qu’ils se retirassent, afin de satisfaire le premier président ; et M. de La Rochefoucauld se leva aussi, comme s’il avoit eu la même envie de faire retirer les gens du parti de M. le prince. Mais ce ne fut que pour fermer la porte au coadjuteur qui étoit sorti, et qui fut dans un très-grand péril par les. gens de guerre qui y étoient, et plus encore par le peuple qui étoit fort animé contre lui, parce qu’ils le croyoient Mazarin.