Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 34.djvu/506

Cette page n’a pas encore été corrigée
504
[1651] MÉMOIRES

[1651] MÉMOIRES La crainte qu’on avoit eue un temps de M. le prince étoit entièrement dissipée. C’étoit une des plus grandes pertes qu’il eût faites à sa prison ; et, à la réserve des huit premiers jours qui suivirent sa sortie, on ne revint jamais à cette grande terreur qu’il avoit autrefois donnée, quoi qu’il pût faire après cela. Le lendemain que M. le prince de Condé fut à SaintMaur, M. le prince de Conti alla au parlement, ou il dit qu’il venoit de la part de monsieur son frère leur rendre compte de sa sortie de Paris, et que si elle n’avoit pas été si prompte il auroit été arrêté tout de nouveau ; que c’étoient les effets de l’ancienne haine du Mazarin, parce qu’il s’étoit opposé à son retour ; et que certainement, quoique le ministre fût loin de la cour, son esprit y régnoit toujours par Le Tellier, Servien et Lyonne, qui étoient ses créatures ; que monsieur son frère ne pouvoit plus ni se fier à la Reine ni aller au Palais-Royal tant qu’ils y seroient, et qu’il falloit les en chasser aussi bien que le cardinal.

Le parlement ne prit pas cela tout-à-fait comme se l’étoit imaginé M. le prince. Cependant le prince de Conti ne laissa pas d’y retourner plusieurs fois, et d’y tenir toujours à peu près le même discours. Le maréchal de Gramont fut trouver le prince de Condé de la part de la Reine, pour savoir le sujet de son mécontentement. Ce prince se plaignit qu’on l’avoit voulu arrêter, dit qu’il ne pouvoit être en sûreté que les trois ministres ne fussent partis, et que sitôt qu’ils le seroient il rendroit ses devoirs au Roi et à la Régente.

La Reine, de son côté, disoit que M. le prince ne faisoit tant de bruit que pour avoir encore quelques