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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] 503 La Reine, qui ne se fioit pas trop aux gens de cette cabale, leur dit qu’elle ne vouloit pas le faire prendre à l’hôtel de Condé, de peur que sa prise ne fit trop de bruit à Paris, et qu’elle n’y causât même de grands meurtres. Cependant on faisoit défiler des troupes du côté du faubourg Saint-Germain. M. le prince, qui étoit toujours sur ses gardes, se retira la nuit à Saint-Maur ; et il parut n’avoir profité de ses prisons que pour en être plus défiant, parce qu’elles lui avoient laissé toutes ses autres humeurs. Il envoya Vigneul à madame de Longueville pour lui apprendre sa retraite, et pour lui dire qu’elle n’avoit que faire de l’y aller trouver ; mais malgré cette précaution, et quoiqu’elle eût même une joue fort enflée, elle ne laissa pourtant pas de partir aussitôt, afin seulement de conserver la réputation qu’elle avoit d’être bien avec son frère. Elle se plaignoit après cela que, toute malade qu’elle étoit, elle avoit été obligée de partir par les grands empressemens de ce prince, ` afin de persuader mieux la confiance qu’il avoit en elle.

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Le départ de M. le prince (¹) fit un fort grand bruit ; et l’on fut s’offrir au Palais-Royal et à Saint-Maur, tout comme des particuliers auroient fait dans des querelles particulières : et ceux qui alloient d’un côté n’alloient plus de l’autre. Mais on remarqua que peu de gens allèrent à Saint-Maur, dont M. le prince eut beaucoup de chagrin ; et, par la réflexion que trois mois auparavant toute la France avoit été pour lui, il en demeu fort surpris.

eura (1) Le départ de M. le prince : Il sortit furtivement de Paris dans la nuit du 6 au 7 juillet 1651.