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[1651] MÉMOIRES

[1651] MÉMOIRES même semaine si redoutables, sans qu’il fût pourtant rien arrivé depuis ; et ils lui devinrent si considérables, que, mal avec eux, il ne se crut plus en sûreté en aucun lieu du monde. M. le prince parut de bien meilleur sens en craignant les frondeurs qu’en les négligeant. Car aussitôt qu’il eut rompu avec eux, il arriva ce que tout le monde avoit prévu, et dont il ne s’étoit point douté, quoique cela n’eût pas dû cependant lui être difficile ; il arriva, dis-je, ainsi qu’on l’avoit prédit, que les frondeurs se raccommodèrent avec la cour contre lui : à quoi ils n’eurent pas beaucoup de peine, parce que la Reine avoit bien plus d’envie de se voir défaite de ce prince que d’eux.

La haine que les frondeurs, et particulièrement le coadjuteur et madame de Chevreuse, avoient pour M. le prince et pour madame de Longueville alloit si loin, qu’elle leur avoit fait oublier toutes les autres haines, jusqu’à celle qu’ils avoient pour le Mazarin avec lequel ils traitèrent tout de nouveau, sans paroître rebutés par les autres traités qui leur avoient si peu servi. Mais véritablement dans celui-ci il y avoit une clause si extraordinaire qu’elle mérite bien qu’on en fasse mention, qui est que le coadjuteur diroit toujours du mal du cardinal Mazarin afin de conserver toujours le crédit qu’il avoit parmi le peuple, et que par ce moyen il demeurât en état de l’y mieux servir. Par ce nouveau traité, il fut résolu pour la seconde fois de reprendre M. le prince prisonnier. Comme il n’alloit plus au Palais-Royal par la défiance où il étoit, on ne put point aussi prendre de mesures pour l’y arrêter.

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