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[1651] MÉMOIRES

[1651] MÉMOIRES devenir son plus grand ennemi ; et ce qui fut dans la suite d’un préjudice extrême pour ce prince, par la grande considération où étoit alors le premier président. Après cela, on proposa à M. le duc d’Orléans d’agréer que le mariage de mademoiselle de Chevreuse fût rompu : à quoi il consentit aisément ; et l’on croit que ce qui en fut cause, c’est qu’on lui fit craindre que la maison de Condé ne devînt trop puissante si ce mariage s’accomplissoit. Dès la semaine sainte, Monsieur revint chez la Reine au Palais-Royal, où elle fit venir le prince de Conti, pour lui dire de ne pas conclure sitôt son mariage avec mademoiselle de Chevreuse. Monsieur le prince et madame de Longueville ne s’étoient point fiés en lui du dessein qu’ils avoient de le rompre, car ce prince étoit devenu fort amoureux de sa maîtresse ; mais ils lui dirent de si terribles choses d’elle, qu’il eut autant d’impatience d’avoir des défenses de la Reine sur ce sujet qu’il en avoit eu d’épouser cette jeune princesse. Cette excuse des défenses de la Reine parut trèsmauvaise, parce qu’elle n’avoit aucun pouvoir en ce temps-là ; et dans la situation où étoient les choses, comme cette alliance s’étoit projetée et proposée nonseulement sans l’aveu de cette princesse, mais encore contre ses sentimens, elle pouvoit bien s’exécuter tout de même.

M. le prince envoya le président Viole à madame de Chevreuse, pour lui rendre compte des ordres de la Reine, et pour l’assurer cependant que, malgré cela, c’étoit une affaire qui n’étoit que différée sans être rompue ; qu’ils iroient, son frère et lui, la voir pour