Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 34.djvu/501

Cette page n’a pas encore été corrigée
499
DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

✔ 499

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] qui cependant, en cette occasion, étoit une grande injustice.

M. le duc d’Orléans, la Fronde et le public ne faisoient aucun doute que M. le prince n’eût part à ce qui étoit arrivé, n’y ayant, à ce qu’il leur sembloit, nulle apparence que la Reine, toute prisonnière qu’elle étoit au Palais-Royal, eût osé une pareille chose sans l’avoir concertée avec M. le prince. II

y eut ensuite un conseil au palais d’Orléans sur le mécontentement de Monsieur à l’égard de la Reine. M. de Beaufort y parla fort mal à son ordinaire ; le coadjuteur y donna des avis fort violens, et entre autres de jeter des pierres contre le Palais-Royal. Sur quoi M. le prince, lorsqu’on lui demanda le sien, en se moquant visiblement d’eux répondit qu’il ne savoit point la guerre des cailloux, et qu’il falloit demander à ces messieurs comment elle se pratiquoit ce qui augmenta encore la défiance qu’on avoit de lui.

Les ministres qui traitoient avec ce prince ne lui parlèrent plus du gouvernement de Provence pour son frère ; et il fallut qu’il abandonnât avec ce gouvernement toutes ses autres prétentions, parce qu’étant devenu suspect au parti opposé, il se trouva forcé de se contenter de ce qu’on lui voulut donner. On négocia ensuite avec M. le duc d’Orléans pour l’apaiser, et on lui fit trouver bon que ces messieurs demeurassent au conseil, pourvu qu’on rendît les sceaux à M. de Châteauneuf, et qu’il demeurât ministre. On dit à la cour que c’étoit à la considération de M. le prince qu’on ôtoit les sceaux à M. Molé : ce qui, selon l’intention que l’on en avoit, de zélé et fidèle ami que ce premier président étoit de M. le prince, le fit 32.