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[1651] MÉMOIRES

[1651] MÉMOIRES étoit odieux, on lui persuada qu’elle mettoit dans la tête de son père de l’emmener en Normandie avec lui, et de la faire enlever au cas qu’elle n’y voulût pas consentir. Elle fut fort effrayée de cet avis, contre lequel voulant se précautionner, elle se fit garder avec un grand soin ; et, dans l’alarme où elle étoit, elle se trouva forcée d’employer M : le prince auprès de son mari, pour l’empêcher de l’emmener avec lui. Si elle avoit été mieux informée de la vérité, elle auroit connu qu’il étoit aisé de réussir sans tant de peine à ce qu’elle désiroit avec tant de passion ; parce que son mari ne songeoit à rien moins qu’à l’emmener, et que mademoiselle de Longueville, avec tout le reste des personnes qui lui étoient contraires, en avoient encore plus de peur qu’elle-même, dans la crainte que si elle suivoit son mari elle ne reprît du crédit auprès de lui, et qu’elle ne le remît encore dans de nouvelles affaires fatales à sa gloire et à son repos. M. le prince, sollicité par madame de Longueville, se chargea donc de parler à M. de Longueville. Mais comme il lui étoit plus utile que sa sœur, il la lui sacrifia, en ce qu’ayant obtenu qu’elle n’iroit point en Normandie, chose qui lui fut peu disputée, il accorda à son beau-frère qu’elle iroit à Bourges, après être convenus l’un et l’autre qu’elle n’étoit pas d’une conduite qui permît de la laisser demeurer à Paris. Mais comme le jour n’étoit pas pris pour la conduire à Bourges, où il étoit bien plus honteux pour elle · d’aller que si elle n’eût fait qu’un même voyage avec son mari, il lui resta quelque espérance que les affaires pourroient changer.

Sitôt qu’il eut été résolu que madame de Longue-