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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] 495 il sut si bien profiter de cette disposition, qu’il ne tarda guère à en tirer tout l’avantage qu’on en désiroit. Mais il fit connoître à M. de Longueville que la Reine auroit peine à avoir une confiance entière en lui, tant que son fils seroit à Montrond entre les mains de M. le prince. Il pressa même sa fille de lui en parler fortement ; et mademoiselle de Longueville le fit avec tant d’adresse et de succès, que, malgré tous les efforts de madame de Longueville pour empêcher que son fils ne sortît de Montrond d’auprès du prince de Condé, M. de Longueville s’opiniâtra tant de le retirer d’auprès de ce prince, qu’on fut contraint de le lui rendre.

Comme le procédé de M. de Longueville avoit plus de rapport en ce temps-là avec le caractère d’esprit de sa fille qu’avec le sien propre, madame de Longueville se prenoit à elle de tout ce que faisoit ce prince et c’est ce qui lui donnoit une si grande haine contre mademoiselle de Longueville, sans songer qu’elle-même étoit la seule cause de tout ce qui lui arrivoit de fâcheux, et qu’elle se l’attiroit, tant par les manières dont elle avoit vécu avec M. de Longueville, que par toutes les hauteurs et toutes les bizarreries qui l’avoient fait haïr presque de tout le monde, et qui avoient obligé mille gens à parler contre elle à son mari. La cour, qui ne négligeoit rien, sachant cette aversion de madame de Longueville pour sa belle-fille, quoique assez mal fondée, s’en servit pour la faire tomber dans un piége dont elle ne se douta jamais, quoiqu’il fût cependant fort aisé à connoître. Comme tout ce qui lui venoit de sa belle-fille lui