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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] 493 ville fût arrivée à Paris, et qu’elle y étoit toujours demeurée depuis.

Elle commença d’abord la négociation qu’elle avoit à faire avec monsieur son père par le flatter beaucoup, par s’ingérer ensuite de lui parler de ses affaires les plus importantes, et par décider hardiment tout ce qu’elle savoit qui pouvoit le plus réussir auprès de lui. Mais, pour mieux disposer sa matière, elle voulut commencer par le rassurer contre la maison de Condé, en plaignant M. le prince d’être seul à ne pas prévoir les périls où il alloit se précipiter, et en lui faisant voir qu’ils présumoient bien souvent de leur puissance sans aucun fondement ; que leur prison en étoit une preuve convaincante, et que, lors même qu’ils èn présumoient le moins, ils ne laissoient pas de faire encore toute la même contenance, dans la vue d’étourdir le public par cet artifice.

Elle ajouta qu’ils couroient d’ordinaire à leur perte par leur manque de foi à l’égard de tous ceux qui les avoient servis, parce que, malheureusement pour M. le prince et pour tous les gens qui avoient à traiter de quelque chose avec lui, il ne faisoit consister l’honneur qu’à être brave et intrépide, et nullement à être homme de parole et de probité ; que personne n’osoit ni lui faire de reproche là-dessus, ni l’avertir que c’étoit la cause de ce que tout le monde l’abandonnoit ; qu’ainsi il n’étoit guère possible qu’il pût changer de conduite ; enfin qu’il n’y avoit que lui qui ne s’aperçût pas des dangereux effets qu’il en devoit attendre, et qui même lui en étoient déjà arrivés, parce qu’il n’y avoit que lui qui en ignorât