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MÉMOIRES rien su. Mais la principale raison qui lui faisoit recevoir sa belle-fille avec tant de dédain et d’aigreur, c’est qu’elle n’étoit pas si puissante qu’elle. Ce commencement des airs insultans qu’on prenoit avec cette princesse lui faisant juger des mauvais traitemens qu’elle pouvoit éprouver dans la suite, contribua beaucoup à la faire entrer dans une affaire que je vais dire ; joint aussi qu’elle étoit persuadée que la fin qu’elle s’y proposoit étoit le véritable intérêt de monsieur son père, et qu’elle n’avoit pu jusque là, ainsi que je l’ai déjà dit, lui faire bien envisager. M. de Longueville, avec ces places qu’on lui avoit rendues en Normandie, avoit repris dans cette province presque tout le crédit qu’il y avoit avant sa prison : crédit qui le rendoit alors fort considérable, et qui fit juger à la cour qu’il étoit important pour elle de le désunir d’avec M. le prince. Mais on ne savoit comment s’y prendre, parce qu’on le croyoit absolument obsédé et entraîné par la maison de Condé ; et l’on craignoit fort que cette maison ne le retînt toujours attaché à elle, dans la persuasion où l’on étoit de l’extrême pouvoir que madame sa femme avoit sur lui, quels que fussent les incidens qui les brouilloient quelquefois. Ce prince avoit eu dans ses affaires un homme qui étoit dévoué à la cour ; mais il l’avoit chassé de son service ; et il en avoit un autre à sa femme, qui étoit ce même Priolo qui, par ses rapports, l’avoit jeté dans le parti de la Fronde. On ne savoit donc à qui s’adresser ; et d’un autre côté M. Je prince avoit donné tant de terreur à tout le monde, que la peur de le fâcher, qu’avoient presque tous les esprits, faisoit