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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] 487. dessein de la Fronde et à l’opposition du coadjuteur à cette addition de la cour contre lui, lequel, ayant fait connoître par tous ses mouvemens qu’il prétendoit être et cardinal et premier ministre, mit bien des gens contre lui. Car enfin, quelque haine qu’on portât au Mazarin, on appréhendoit encore davantage de voir le coadjuteur dans le ministère, que d’y voir ce cardinal : et ce fut dans les instances pressantes que fit le coadjuteur à M. le prince pour l’obliger à le favoriser, qu’on remarqua, par la foiblesse et par la négligence avec lesquelles ce prince s’y employa, qu’il ne le faisoit que par politique, et qu’il ne s’en mettoit guère en peine.

M. le prince et madame de Longueville revinrent avec cette même humeur et ces mêmes manières qui les avoient décriés et perdus, sans s’apercevoir et sans se douter en aucune façon qu’elles leur pussent faire le moindre tort : surtout madame de Longueville ; et quoiqu’elle eût plus d’envie que personne de se raccommoder avec la Reine, elle vouloit pourtant que ce fût sans en rabattre de sa hauteur, et que sa fierté allât même jusqu’à cette princesse. Elle lui fit donc dire, comme l’auroit fait une reine étrangère, le temps qu’elle iroit chez elle ; et, pour comble d’orgueil, elle se fit attendre deux ou trois heures, dont M. le prince fut très-fâché. Mais il est vrai que jamais fierté ne fut si mal soutenue ; car enfin’, dès qu’elle fut devant la Reine, il lui prit un tremblement si grand qu’on eût pu croire qu’elle avoit la fièvre, et elle n’eut pas la force d’ouvrir la bouche pour parler, au moins pour dire deux mots de suite ; de sorte qu’il fallut que la Reine elle-même