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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] 483 parce qu’il savoit qu’on l’appréhendoit à la cour, laquelle il vouloit engager à le prier de la rompre, afin de lui en faire acheter la rupture bien cher. Madame de Chevreuse de son côté n’avoit témoigné tant d’indifférence là-dessus que parce qu’elle savoit bien que

M. le prince ne pouvoit pas encore avoir eu le loisir de s’accommoder avec la cour ; et qu’en s’engageant de nouveau avec elle après tout ce qu’elle lui avoit dit, il se mettoit tellement dans son tort qu’il lui seroit extrêmement difficile de se dégager.. Le bruit du prochain accomplissement de ce ma-. riage ayant éclaté, la Reine connut alors clairement. que madame de Chevreuse l’avoit toujours trompée, et elle n’en fut pas fort surprise : car elle s’étoit depuis long-temps défiée de cette princesse, jusqu’à avoir mandé même au cardinal ce qu’elle pensoit de son infidélité. Ce ministre n’en avoit aucun soupçon, et ne pouvoit se résoudre à le croire ; mais lorsqu’il s’en vit tout-à-fait convaincu, il jura qu’il ne se fieroit jamais à une femme de sa sorte. Il fit ce serment en se servant d’un nom tout-à-fait injurieux qu’il lui donna, pour s’expliquer mieux sur ce qu’il pensoit d’elle. Madame de Chevreuse, par sa dangereuse habileté. et par toute sa conduite, avoit si bien fait connoître à la cour ce que ce seroit qu’une femme de son carac-, tère et de son esprit dans la maison du prince. de. Condé, laquelle maison, pour son utilité propre et celle de madame de Chevreuse elle-même, ne pour

pouvoit avoir d’autres intérêts que ceux de ce prince ; la cour, dis-je, avoit si bien connu de quoi seroit capable cette princesse dans la maison de Condé, que les ministres n’oublièrent rien pour l’empêcher d’y 31.