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[1651] MÉMOIRES

sien étoit le seul que M. le prince considérât. M. de Beaufort étoit entêté au dernier point de cette prédilection en sa faveur ; et on lui avoit tout-à-fait bien persuadé que, de l’autre côté, ce n’étoit qu’un raccommodement plâtré : mais que, pour avec lui, il étoit de la plus parfaite sincérité. On ajoutoit qu’avec le mérite de la sortie des princes qu’il falloit lai attribuer, la cause de leur détention ne pouvoit pas lui être imputée, puisqu’il étoit de notoriété qu’il ne l’avoit pas sue ; qu’ainsi ils ne pouvoient ni lui en savoir mauvais gré, ni rien conserver dans le cœur pour lui, dont il ne dût être content : outre qu’il avoit été le premier encore à traiter de leur côté. M. de Beaufort donnoit à pleines voiles dans tout ce qu’on lui débitoit sur ce ton-là ; et à tout ce qu’on pouvoit lui dire de plus ffatteur, il ajoutoit encore mille particularités à son avantage.

Ceux qui traitoient pour les princes feignoient de croire ce qu’il disoit, et marquoient ne pas douter que ce ne fût lui qui avoit tourné le coadjuteur pour les mêmes princes. De plus, on l’exaltoit extrêmement de n’avoir rien demandé ; mais on pensoit bien en même temps qu’il n’avoit affecté ce faux désintéressement que pour en avoir davantage.

Cependant, comme il présumoit facilement et beaucoup, tant de sa bonne fortune que de son intrigue, il croyoit non-seulement avoir persuadé par l’une ce qu’il avoit voulu faire croire de l’obligation que lui avoient les princes, mais encore avoir acquis par l’autre une fort grande part dans les affaires, et comme ami principal et comme favori de celui qui gouvernoit.

Il étoit donc si bien infatué de cette opinion, que