Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 34.djvu/481

Cette page n’a pas encore été corrigée
479
DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] rent l’honneur de l’accompagner. Ce furent de grands embrassemens et de grands complimens de part et d’autre ; mais voilà à quoi se borna entre eux toute la reconnoissance, aussi bien que toute l’amitié. Monsieur, qui n’avoit point vu la Reine depuis leur brouillerie, vint lui présenter les trois princes ; et de là il les mena souper au palais d’Orléans. Cette visite fut assez froide, le repas ne fut guère plus échauffé ; et comme il n’y arriva rien de plus remarquable, on commença dès lors à se remettre de ce qu’on avoit tant appréhendé de ce retour de M. le prince.

On jugea facilement, par cette retenue qu’on n’attendoit point de lui, qu’il n’avoit ni de si grands ni de si violens desseins qu’on se les étoit figurés ; et, par un commencement si modéré et si peu prévu, on jugea même encore de toute la suite de ses démarches. Mais

pour savoir de quelle manière toute cette grande puissance et de M. le prince et de la Fronde se dissipa ; pour concevoir comment tant de prétextes si spécieux s’évanouirent, comment tant de projets si terribles se trouvèrent détruits sans efforts et en si peu de temps, et enfin comment tant de si grandes liaisons et de traités parurent sitôt rompus, il est nécessaire, pour le pouvoir mieux faire comprendre, d’en dire tous les sujets ; et pour cela il faut reprendre la chose de plus haut. Comme les amis de M. le prince étoient parfaitement bien informés que les deux partis qui composoient la Fronde se haïssoient à la mort, ils avoient eu l’adresse de faire croire à chacun des deux que le