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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] 477 qu’enfin il se feroit déclarer Regent conjointement avec Monsieur, dans l’association duquel on jugeoit bien qu’il auroit tout le pouvoir de la régence ; et l’on ajoutoit encore à tout cela que comme aux anciennes régences on avoit avancé la majorité à treize. ans, on pouvoit la remettre à dix-sept, comme elle avoit été auparavant. 1 Il est certain qu’on ne craignoit et qu’on ne prévoyoit rien là-dessus, quelque extraordinaire que cela parût, qui ne pût bien arriver ; et que M. le prince le pouvoit entreprendre et exécuter facilement, dans la terreur et dans la consternation qu’il avoit donnée à toute la France. Aussi peut-on dire que l’aveuglement qui le retint et qu’il eut dans cette occasion, malgré tout son esprit et toute sa hauteur ne se peut attribuer qu’au bonheur du Roi (qu’attendoient de si grandes destinées), et à la volonté de Dieu, qui ne vouloit ni permettre la perte du royaume, ni que la France reçût les lois d’un prince moins digne de lui commander que celui qu’il lui avoit donné lui-même pour la conserver. La première démarche que fit M. le prince en reyenant de prison fut qu’en passant à Rouen il ne fit point donner par le parlement de cette ville l’arrêt qu’on avoit résolu contre le cardinal, et qu’il n’en parla même pas. Ce qui fut extrêmement remarqué, sans que personne pût pénétrer dans ses intentions, quoiqu’on ne laissât pas de raisonner long-temps là-dessus. La Reine, qui ne parloit plus avec autorité, pria le maréchal d’Aumont (1) de vouloir bien prendre lui> (1)

Le maréchal d’Aumont : Antoine, duc d’Aumont. Il étoit du petit nombre de grands seigneurs dont la fidélité n’étoit pas ébranléc.