Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 34.djvu/476

Cette page n’a pas encore été corrigée
474
[1651] MÉMOIRES

[1651] MÉMOIRES le cardinal, qui les avoit déjà fait sortir de leur prison On étoit si préoccupé que la Reine ne se gouvernoit que par le cardinal Mazarin, que personne ne s’aperçut du peu de correspondance qui étoit entre eux, non plus qu’on n’a point fait attention dans la suite à diverses mésintelligences (1) qui’y ont toujours été depuis ; car il est certain que, du côté de la confiance, ils n’ont jamais vécu ensemble, depuis ce départ, comme ils y vivoient auparavant. La Reine cependant se trouvant toujours enfermée par la continuation de la garde des bourgeois qu’on n’avoit point encore levée depuis l’ordre donné pour la sortie des princes, auquel elle avoit consenti, les amis du Mazarin dépêchèrent M. de Navailles à ce cardinal, pour lui dire de ne le pas faire exécuter sitôt, et de mander à Paris qu’on n’en verroit l’effet que lorsque le Roi et la Reine seroient en pleine liberté. Mais M. de Navailles arriva trop tard, et les princes étoient déjà sortis (2) du Havre lorsqu’il y entra. M. le prince se trouva surpris et.embarrassé lorsqu’il vit le cardinal, dans l’incertitude s’il étoit puissant ou malheureux. Cependant il prit le parti de le bien recevoir et de lui faire bon visage dans la prison, avant même qu’il sût rien de ce qui l’amenoit. Ensuite de quoi lui et le Mazarin prirent ensemble de grandes (1) A diverses mésintelligences : Il y eut bien entre la Reine et Mazarin quelques mésintelligences qui résultoient de l’état critique des affaires ; mais si l’on en croit madame de Motteville, beaucoup mieux instruite que la duchesse de Nemours, Anne d’Autriche demeura convaincue que le cardinal seul étoit en état de diriger le gouvernement jusqu’à ce que Louis xIv pût régner par lui-même. — (2) Les princes étoient déjà sortis : Ils furent mis en liberté le 13 février, et firent leur entrée à Paris le 16 du même mois. 1