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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] 473 Je sais donc qu’une chose que je vais dire là-dessus est contre l’opinion générale. Cependant je, la sais si certainement que je ne puis ni en douter, ni même m’empêcher de la rapporter : car il me semble que les vérités les plus ignorées sont dignes d’une plus grande curiosité ; et ce que j’ai à dire de si inconnu, c’est que, depuis que le cardinal fut parti, la Reine et lui agirent peu de concert, et furent souvent peu satisfaits l’un de l’autre.

La Reine, par cette même prévention de ne se croire jamais sur rien, eut donc la même créance aux autres ministres, sitôt que le cardinal fut parti ; et comme ils lui conseillèrent tous de faire sortir les princes, elle y consentit volontiers, sans même se souvenir qu’elle s’étoit engagée avec Mazarin de n’y consentir jamais sans sa participation. Il est vrai qu’elle auroit eu assez de peine à s’en dispenser, le Roi et elle se voyant comme prisonniers dans le Palais-Royal. Les ministres, avec le premier président Molé et les amis des princes, négocièrent les conditions de leur sortie ; et le maréchal de Gramont devoit en être le porteur. Lorsque le cardinal sut cette nouvelle, et le peu d’égards que la Reine avoit eu pour lui dans cette occasion, il n’en fut pas moins touché que surpris. Mais les amis qui lui étoient restés à la cour, en lui

donnant cet avis, lui mandèrent qu’il falloit qu’il s’en fit honneur, et qu’il allât lui-même délivrer les princes : ce qu’il fit, et même à de meilleures conditions pour eux que celles que le maréchal de Gramont leur devoit porter, qui devinrent inutiles parce que ce maréchal n’arriva au Havre qu’après Q