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Royal tant que ce ministre y seroit ; et que, quand elle y tiendroit une fois Monsieur, elle en feroit après cela tout ce qu’elle voudroit : tant son esprit avoit de pouvoir sur celui de ce prince. Le cardinal donna dans ce piége (1), soit parce qu’il pouvoit y avoir quelque vraisemblance, soit parce qu’il avoit une créance entière à madame de Chevreuse, laquelle il croyoit habile, et ne pouvoir être que dans ses intérêts, à cause de Laigues qui la gouvernoit, lequel il savoit ne pouvoir jamais se raccommoder avec M. le prince. Mais ce qu’il ne savoit pas encore assez bien, c’est que madame de Chevreuse avoit gouverné Laigues en cette occasion. M. le cardinal partit donc pour Saint-Germain la nuit d’après (2) ; et ils demeurèrent d’accord, la Reine et lui, que les princes né sortiroient point sans la participation l’un de l’autre. Ils se firent ces promesses réciproques, sans croire pourtant que le temps de leur séparation dût être fort considérable. La Reine manda dès le lendemain à Monsieur que, pour le satisfaire, elle avoit fait partir le cardinal ; et qu’ainsi il pouvoit venir voir le Roi et elle quand il lui plairoit. A quoi Monsieur répondit que ce ministre n’étant qu’à cinq lieues de Paris, où il pourroit revenir par conséquent quand il voudroit, il souhaitoit qu’il fût hors du royaume avant que de retourner au Palais-Royal : et dans l’instant même il alla au parle(1) Le cardinal donna dans ce piége : Il paroît au contraire que Mazarin jugea très-bien qu’une absence momentanée étoit devenue abso lument nécessaire, dans la position très-difficile où il se trouvoit. (2) La nuit d’après : Mazarin sortit de Paris par la porte Richelieu, non sans d’assez grands dangers, dans la nuit du 7 au 8 février 1651. (