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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651] qui avoient fait le coup. Ces misérables avouèrent ce meurtre, et dirent qu’ayant vu dans le carrosse du duc de Beaufort plus de monde qu’ils n’y en croyoient, ils avoient quitté la partie et abandonné le dessein de le voler.

Ce dénouement fut cause que depuis cela on ne se soucia plus guère de quelle couleur pouvoient être les cheveux du mort en question, et qu’enfin on voulut bien leur laisser celle qu’ils avoient dans le temps qu’il étoit en vie.

Pendant ces petits mouvemens dans Paris, on en faisoit renaître de plus considérables : on recommençoit à y parler des désordres de la France, et à dire que les finances y étoient mal gouvernées. Mais ce qui empira beaucoup l’affaire contre le cardinal fut la mauvaise finesse qu’il fit de feindre de vouloir faire sortir les princes.

Comme on crut voir revenir bientôt M. le prince, tout le monde voulut avoir part au changement de son sort ; et l’on commença à parler publiquement de l’élargissement des princes, et à dire qu’il falloit nécessairement qu’ils sortissent de prison, et qu’il n’y avoit uniquement que ce remède aux désordres et aux malheurs de l’Etat.

M. le duc d’Orléans étoit toujours pour les frondeurs quand il étoit avec eux : mais dès qu’il parloit à la Reine, ce n’étoit plus cela ; et il changeoit si fort qu’il étoit presque impossible qu’aucun des partis pût faire un fond certain sur lui. Madame de Chevreuse persuadoit à la Reine qu’elle travailloit de tout son pouvoir pour engager ce prince à faire tout ce qu’elle souhaitoit ; et même elle sem- 30.