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[1649] MÉMOIRES

[1650] MÉMOIRES.. de trouver bon qu’on lui promît deux-gouvernemens pour ses amis, qui devoient servir à établir Ja sûreté dù parti. On promit à Laigues une charge dans la maison de M. le duc d’Anjou (¹) quand elle seroit faite, les sceaux à.M. de Châteauneuf, et un brevet à quelqu’un de la Fronde dont on conviendroit.. On ne vouloit pas se fier à un homme de l’esprit de M. de Beaufort d’un secret de cette importance, outre qu’on avoit peur qu’il ne le révélât à des femmes : mais, comme on avoit besoin de lui, le coadjuteur dit qu’il falloit lui confier la chose, et qu’il trouveroit l’invention de la lui dire sans aucun péril. On.ne laissa pas cependant, par cette même.raison du besoin qu’on en avoit, de stipuler pour lui la survivance de l’amirauté, avec une grosse pension sur cette survivance, en attendant qu’il fût pourvu de cette charge, c’està-dire après la mort de son frère, à qui on la donna. Le coadjuteur lui fit voir en détail l’étrange état où ils se trouvoient tous réduits, par les rigueurs et par les violences de M. le prince. Il lui dit ensuite qu’il lui étoit tombé dans l’esprit de proposer à M. le cardinal de le faire arrêter, parce qu’il ne l’aimoit pàs ; mais il lui fit connoître en même temps qu’il ne croiroit cette pensée bonne que lorsqu’il lui auroit témoigné l’approuver, en suivant son procédé ordinaire avec lui, qui étoit de lui faire toujours croire qu’il ne se gouvernoit que par ses conseils, quoiqu’en effet il eût accoutumé de le mener toujours lui-même comme un enfant.

(1) M. le duc d’Anjou : Philippe de France, frère du Roi. On l’appela depuis Monsieur, et après la mort de Gaston il prit le titre de due d’Orléans.