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[1649] MÉMOIRES

[1649] MÉMOIRES Mais on auroit assez de peine sans doute à s’imaginer ce qui a commencé à lui remplir l’esprit de toutes les chimères dont il étoit plein, et à concevoir qu’un homme de son caractère et de ses lumières ait pu se trouver susceptible d’une raison aussi creuse que celle qui a donné lieu à tous ses mouvemens, et si vifs et si impétueux pour la Fronde ét pour. le parlement. ( Etant

en Italie, le livre de la Conjuration de Louis de Fiesque (¹) lui tomba malheureusement entre les mains ; et comme la lecture des romans gâte ordinairement l’esprit des jeunes personnes disposées à l’amour, la lecture de ce livre tourna si fort la tête ambitieuse de ce coadjuteur, qu’il osa même entreprendre de justifier dans ce nouveau Catilina ce que l’auteur qui a écrit contre lui y a si justement et si sagement condamné. Et il ne faut que lire le livre qu’il n’a fait là-dessus qu’en feignant seulement de traduire celui de la conjuration, pour voir combien il étoit charmé et des révoltés et des révoltes, puisqu’il paroît ne l’avoir traduit et commenté que pour justifier la conduite et le dessein du comte de La Vagne. Il se faisoit même plus d’honneur et plus de plaisir du nom de petit Catilina qu’on lui donnoit quelquefois, qu’il ne s’en promettoit du chapeau de cardinal que son ambition lui faisoit désirer à quelque prix que (1) Le livre de la Conjuration de Louis de Fiesque : Ce livre est intitulé la Congiura del conte Gio. Luigi de Fieschi, descritta da Agostino Mascardi. Anvers, 1629. Il est dans le goût des anciens, et l’on y trouve beaucoup de harangues. Cependant l’auteur y montre les dangers des conjurations et des troubles politiques. Le jeune abbé de Gondy ; de retour en France, en publia, dans un esprit tout différent, une imitation écrite d’un style énergique et remplie d’idées hardies.