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[1649] MÉMOIRES

[1649] MÉMOIRES il n’y fût point venu du tout si on ne l’y eût entraîné. Ainsi, comme il n’avoit point de dessein d’y demeurer, et que d’ailleurs il n’y voyoit point de poste qui lui fût convenable, il ne tarda guère à s’en retourner en Normandie où le duc de Retz le suivit, lequel, selon Saint-Evremont (¹), n’y fit rien autre chose que la charge de duc et pair. Sitôt que M. de Longueville fut arrivé en Normandie, toute la province se déclara pour lui ; et dans Je même instant l’on renvoya le comte d’Harcourt, que la cour y avoit envoyé pour y commander. Mais pour dire ici quelque chose du caractère de M. de Longueville, après avoir parlé si long-temps des motifs qui le faisoient agir, ce prince’étoit entré dans bien des affaires par le même esprit qu’il étoit entré dans celle-ci, c’est-à-dire toujours sans en avoir le dessein. Naturellement il n’aimoit point à contredire il le faisoit encore moins pour une chose éloignée, et dont l’exécution lui paroissoit ou douteuse ou sans apparence. Ainsi, lorsqu’elle se tournoit autrement qu’il ne l’avoit conçue, il se trouvoit presque toujours engagé et contre son attente et contre sa volonté.

Quant au coadjuteur, quoiqu’il parût et si empréssé et. si zélé pour grossir le parti du parlement, et quoiqu’il en fût entêté, il n’avoit jamais eu aucun sujet de se plaindre de la cour au contraire, il devoit à la Reine sa coadjutorerie de Paris. Mais il avoit une ambition sans bornes, et à quelque prix que ce fût il (1) Selon Saint-Evremont : On a de cet écrivain un petit ouvrage fort malin sur la conduite que tint alors en Normandie le duc de Lon- gueville.