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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649] hºg pour lui mettre dans la tête combien il étoit grand et beau à une femme de se voir dans les grandes affaires, et combien cela la feroit distinguer et considérer, outre le plaisir qu’elle concevoit encore d’être dans un parti opposé à celui de son frère. Car, quoiqu’il y eût quelque apparence qu’il voulût entrer dans celui qu’elle avoit pris, elle le connoissoit trop bien pour l’en croire capable, sachant d’ailleurs combien il haïssoit tous les partis.

Mais la plus forte raison qui la détermina, et qui étoit aussi celle qui la touchoit le plus, fut qu’en se mettant ainsi dans de grands partis elle crut qu’elle passeroit pour en avoir beaucoup plus d’esprit : qualité qui faisoit sa passion dominante, et l’objet de ses désirs les plus préssans et les plus chers. En un mot, tout ce qu’elle croyoit le plus propre à établir son mérite personnel prévaloit toujours en elle sur toute autre considération.

C’est aussi ce qui faisoit que les grandes choses dépendoient presque toujours chez elle des petites ; et qui auroit voulu chercher des motifs bien solides de sa conduite s’y seroit assurément trompé, puisqu’elle sacrifioit ordinairement à sa gloire et sa fortune et son repos. Mais comme elle mettoit presque toujours cette gloire où elle n’étoit point, il ne lui en restoit presque jamais que la vaine imagination de l’avoir cherchée où elle étoit. Ce fut La Rochefoucauld qui insinua à cette princesse tant de sentimens si creux et si faux. Comme il avoit un pouvoir fort grand sur elle, et que d’ail leurs il ne pensoit guère qu’à lui, il ne la fit entrer dans toutes les intrigues où elle se mit que pour pou-