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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649] le galant de cette demoiselle, afin d’en dégoûter M. le prince ; mais Chabot, qui avertit ce prince que ce stratagême ne venoit que de madame de Longueville, fut cause qu’il ne tourna sa colère que contre elle, que cette intelligence de M. le prince et de mademoiselle Du Vigean n’en fut encore qu’un peu plus forte, et qu’enfin il n’eut plus pour madame de Longueville qu’une extrême froideur. Mais ce qui augmenta beaucoup cette froideur, c’est que la passion de M. le prince pour sa maîtresse devint si violente, qu’ayant toujours eu dessein de se démarier (1) depuis la mort du cardinal de Richelieu, comme prétendant avoir été marié par force, il fit dessein de l’épouser et en fit même parler à madame sa mère, laquelle, voulant avoir du crédit auprès de son fils à quelque prix que ce fût, lui témoigna approuver extrêmement son choix, en lui disant mille biens de cette personne, et en lui marquant beaucoup d’estime pour elle. Mademoiselle Du Vigean osa bien parler elle-même à madame de Longueville ; et cette dame, sans en témoigner aucun mécontentement, en avertit M. le prince son père, avec lequel elle se raccommoda exprès pour le pouvoir animer davantage contre son fils. Aussi en fit-il un éclat épouvantable, et dit mille choses cruelles de l’amant et de la maîtresse. M. le prince, de son côté, fort irrité contre madame sa sœur, se résolut de pousser son ressentiment contre elle tout aussi loin qu’il pourroit aller ; et pour cela il dit à M. de Longueville (2), son mari, tout ce (1) De se démarier : Le prince de Coudé avoit épousé malgré lui Claire Clémence de Maillé-Brezé, nièce du cardinal de Richelieu. (2) Il dit à M. de Longueville : 11 paroit que le prince dévoila au