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[1649] MÉMOIRES

[1649] MÉMOIRES traitoient au contraire de ridicule et de grossier tout ce qui avoit le moindre air de conversation solide. Madame de Longueville savoit très-mal ce que c’étoit de politique : aussi en avoit-elle si peu que, quelques années avant le temps dont je parle, elle avoit vu sans chagrin comme sans conséquence l’amour et l’attachement extrême de M. le prince et de mademoiselle Du Vigean, de laquelle elle avoit fait son intime amie, jusqu’à entrer même dans cette confidence. Mademoiselle Du Vigean, de même caractère que ma— dame de Longueville, avoit vu avec aussi peu d’inquiétude l’extrême tendresse de M. le prince pour madame sa sœur. Il est vrai que lorsque leur expérience leur en eut appris davantage à toutes deux, en devenant plus politiques elles se devinrent insupportables l’une à l’autre. Chabot, par la confiance et par l’amitié que M. le prince avoit pour lui, étant devenu le chef du conseil de mademoiselle Du Vigean, lui fit comprendre qu’il étoit de son intérêt d’avoir seule la confiance de M. le prince : à quoi elle réussit parfaitement bien.

J Le maréchal d’Albret, et ensuite La Rochefoucauld, plus politique encore que ce maréchal, firent alors si bien connoître à madame de Longueville le préjudice que cela lui feroit qu’une autre partageât avec elle le crédit qu’elle avoit sur M. le prince, qui se voyoit comme le maître du royaume dans la conjoncture des choses, qu’elle se résolut de rompre la grande intelligence qui étoit entre lui et mademoiselle Du Vigean ; .et, pour y mieux réussir, elle commença à en donner avis à mademoiselle Du Vigean, qui en fit grand bruit. Ensuite elle détacha le marquis d’Albret pour en faire M