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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649] dire à la tendresse qu’il avoit pour lui. Il n’avoit point d’esprit ; mais il avoit si bonne opinion de lui-même, qu’il l’insinuoit facilement aux personnes simples. Il affectoit même plus d’ingénuité qu’il n’en avoit, et par cette manière moitié vraie, moitié artificieuse, il témoignoit aussi plus de sincérité que ne lui en remarquoient les plus habiles : ce qui portoit les autres à compter entièrement sur sa bonne foi. Comme madame de Longueville avoit caché avec beaucoup d’art la brouillerie qu’elle avoit avec M. le prince son frère, personne ne la cruț véritable, lorsqu’en jugeant qu’il étoit de son intérêt de la faire connoître, elle consentit qu’on la publiât. Ce qui fut cause que les Parisiens ne prirent aucune confiance ni au prince de Conti ni à elle, et ce qui donna aussi tant d’avantage à l’autre parti qui se trouva dans la ville et qui leur étoit opposé. M. le prince avoit pour madame sa sœur une extrême tendresse. Elle, de son côté, le ménageoit, moins par intérêt que pour l’estime particulière et la tendre amitié qu’elle avoit pour lui. En ce temps-là, ni son esprit ni celui de toute la cabale n’étoient point d’avoir des desseins ni de l’habileté ; et quoiqu’ils eussent pourtant tous beaucoup d’esprit, ils ne l’employoient que dans les conversations galantes et enjouées, qu’à commenter et raffiner sur la délicatesse du cœur et des sentimens. Ils faisoient consister tout l’esprit et tout le mérite d’une personne à faire des distinctions subtiles, et des représentations quelquefois peu naturelles là-dessus. Ceux qui y brilloient donc le plus étoient les plus honnêtes gens selon eux, et les plus habiles ; et ils