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[1648] MÉMOIRES

de cette proposition, envoya querir les députés de toutes les compagnies souveraines, pour leur déclarer qu’absolument la Reine ne vouloit point de ces arrêts d’union. Sur quoi ces messieurs ayant répondu qu’ils n’étoient point contre le service du Roi, il leur répliqua que c’étoit assez que la Reine ne l’eût pas agréable : et que si le Roi ne vouloit pas qu’on portât des glands à son collet, il n’en faudroit point porter, parce que ce n’étoit pas tant la chose défendue que la défense qui en faisoit le crime. Cela n’empêcha pas que ces députés, en le quittant, n’allassent faire le rapport à leurs chambres de ce qui s’étoit passé, et qu’ils ne commençassent ce rapport par une plaisanterie, en faisant des dérisions extraordinaires du cardinal sur sa comparaison des glands, laquelle ils tournèrent dans un très-grand ridicule, et dont on composa pour lors force ouvrages burlesques de toutes sortes d’espèces, en vers et en prose. Ils se moquèrent encore beaucoup de lui sur ce qu’au lieu de dire l’arrêt d’union, il avoit dit l’arrêt d’oignon, par la difficulté qu’il avoit à parler bon français.

Enfin, après bien des railleries, ils résolurent de donner cet arrêt dès le lendemain[1], malgré les défenses que la Reine leur envoya faire le matin, qui ne les empêchèrent pas de passer outre : tant ils étoient enorgueillis et devenus fiers des recherches et des honneurs qu’on leur avoit faits pendant la maladie du Roi, comme je l’ai déjà dit. Ils ajoutèrent encore à cela qu’il falloit écrire aux autres parlemens pour les solliciter à la même union. Et comme ce fut par là que commencèrent la révolte et la désobéissance,

  1. Dès le lendemain : l’arrêt d’union fut rendu le 13 mai 1648.