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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS.

Mon dessein, en donnant ces Mémoires, n’est que de rapporter simplement, et autant que je pourrai m’en souvenir, ce qui s’est passé à ma connoissance de plus particulier pendant la minorité du Roi ; car je ne suis point, assez habile pour pouvoir écrire avec toute la dignité qu’il conviendroit les grandes actions qu’il a faites depuis. Ainsi je ne parlerai que de l’état malheureux où la France se vit réduite par la haine implacable qu’on y avoit pour le cardinal Mazarin, laquelle ne commença pourtant qu’après qu’il eut mal à propos refusé la paix avantageuse[1], que les Espagnols nous offroient à Munster, en consentant, comme ils faisoient, que nos conquêtes nous demeurassent.

Ce refus donna lieu à de nouveaux impôts, et fit juger que, pour avoir un prétexte de les perpétuer, ce ministre avoit dessein d’éterniser la guerre.

Après avoir donné une idée des désordres et des troubles qui agitèrent la France tant que notre nouvel Auguste n’y régna que par ses ministres, à peu près comme les rois de la première race y régnèrent par leurs maires du palais, je ferai connoître les motifs secrets, et je rapporterai les différens caractères des principaux acteurs qui composoient alors le parti attaché à la cour, et celui qui étoit attaché au parlement, qu’on nommoit la Fronde, dans lequel ceux de cette faction entrèrent presque tous, sur le prétexte du bien public et de la défense du peuple.

Mais, avant que d’entrer plus avant dans le détail de

  1. La paix avantageuse : Il est fort douteux que les conditions proposées par les ministres du roi d’Espagne fussent aussi favorables que le suppose ici madame de Nemours.