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NOTICE

les guerres de Paris jusqu’à la prison du cardinal de Retz, avec les différens caractères des personnes qui ont eu part à cette guerre. Cet ouvrage a été depuis réimprimé plusieurs fois à la suite des Mémoires de Retz et de Joli.

Le style de la duchesse est élégant et facile ; et, suivant le goût du temps, elle fait le portrait des divers personnages qui figurent dans son récit. Ces morceaux, travaillés avec soin, se distinguent par une touche légère, et par des traits aussi justes que fins et délicats. Anne d’Autriche, pendant les troubles, avoit été indignement calomniée par tous les partis ; et quelques modernes la jugent encore d’après les libelles qui furent alors publiés contre elle. Madame de Nemours est beaucoup plus juste : elle ne dissimule pas les défauts de cette Reine, mais elle la justifie pleinement des imputations odieuses dont elle fut l’objet.

« Tout le monde croit encore, dit-elle, que cette autorité absolue que la Reine laissoit prendre au cardinal sur elle venoit d’une amitié bien particulière : cependant la vérité est que ce n’étoit qu’un effet du peu de goût qu’elle avoit pour les affaires, et une suite de la mauvaise opinion qu’elle avoit sur sa capacité à cet égard. En quoi l’on peut dire qu’elle se trompoit fort ; car il est certain que cette princesse avoit un très-bon sens en toutes choses, et que dans les conseils elle prenoit toujours le bon parti. Si elle eût voulu s’appliquer, elle se seroit rendue habile dans les affaires ; mais, avec un bon esprit, elle ne laissoit pas d’avoir un