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NOTICE

qu’à regret. Mais, comme elle n’étoit pas en état de se servir de son autorité, elle n’osa lui refuser cette permission ; et mademoiselle de Longueville la quitta de cette manière, assez médiocrement touchée de la peine que son départ lui causoit. »

Mademoiselle de Longueville auroit pu se fixer à Paris, mais elle aima mieux s’éloigner du foyer des troubles ; et elle trouva dans sa charmante retraite de Coulommiers un asyle où elle put se livrer sans obstacle à ses goûts paisibles, tandis que l’esprit de faction continuoit d’agiter toute la France. Elle n’y eut d’autre chagrin que celui de savoir son père en prison ; et elle ne négligea aucune occasion de solliciter sa liberté. Sa conduite obtint l’approbation de tout le monde, et madame de Motteville a très-bien exprimé dans ses Mémoires l’effet qu’elle produisit.

« Cette princesse, dit-elle, avoit beaucoup d’esprit et de mérite : sa vertu et la tranquillité de sa vie la mirent à couvert des orages de la cour ; et quoiqu’elle eût porté le nom de frondeuse, la Reine, qui savoit le peu de liaison qui étoit entre elle et madame sa belle-mère, trouva qu’il étoit juste de la laisser en repos jouir de ses plus grands plaisirs, qui étoient renfermés dans les livres et dans l’aise d’une innocente paresse. Par toutes ces raisons, sa retraite fut estimée de tous, et lui fut à elle fort commode. »

La prison des princes n’ayant fait qu’augmenter le nombre des ennemis de Mazarin, il se forma contre lui une ligue générale au commencement de l’année suivante [1651]. Alors les frondeurs envoyèrent à