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meilleures amies, que vous vous deviez estre souvenu, avant que d’entreprendre une commission que vous ne doutiez point qui ne l’offençast grandement, veu les asseurances toutes contraires que vous luy aviez données à Chartres, de l’honneur et des faveurs qu’elle vous avoit autrefois faites à Pau, de vous avoir mis de son balet, et pris la peine de vous en monstrer elle-mesme les pas et les figures, et encor à Corase, chez monsieur de Miossens, lors qu’il y fut couru une bague, qu’elle s’estoit offerte de donner, laquelle voyant que c’estoit vous qui l’aviez gaignée, et se doutant bien que vous la luy viendriez, sans aucune doute, demander, elle ne vous voulut pas bailler celle qu’elle avoit préparée pour ce mesme effect, qui estoit de médiocre valeur ; mais elle s’en estoit fait apporter une autre, qui valoit bien deux mil escus, qu’elle vous donna, se souvenant de la bien-veillance que la Reine sa mère portoit à vostre père, qui l’avoit portée plusieurs fois entre ses bras.

Toutes lesquelles particularitez et autres semblables luy avoient fait prendre une entière confiance de vous, en quoy elle avoit esté grandement deceuë, et falloit bien que vous eussiez plusieurs desseins qu’elle ne pouvoit en aucune façon comprendre, de vous estre si mal gouverné en son endroit, qu’il luy estoit impossible quelle vous pust jamais vouloir de bien : mais qu’elle ne vouloit pas laisser neantmoins de la bien aymer et de la chérir tousjours lors qu’elle la viendroit voir, ce qu’elle la prioit de faire le plus souvent qu’il luy seroit possible, tant pour ce qu’elle la trouvoit très-bonne femme, de très-bonne compagnie et que son humeur luy plaisoit extrêmement, que pour