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Tout cela ne suffit pas encore ; ils la veulent resserrer davantage, et font dessein de la mettre dans le château d’Amboise. Ils demandent le gouvernement de Normandie dont elle étoit pourvue ; on parle même de la faire entrer dans un monastère, et le sieur de Villesavin, qui étoit un des siens, mais affidé à la faveur, lui propose d’y entrer de son mouvement.

Tant de mauvais traitemens qu’elle n’eût jamais pensé, lui en font encore attendre d’autres pires qu’elle ne se pouvoit imaginer, croyant que leur malice trouveroit tous les jours de nouveaux moyens de lui faire du mal, puisqu’ils lui en avoient déjà tant fait, dont il n’y en avoit point d’exemple en personne devant elle. En ces tristes attentes, sans espoir de mieux, elle passa le reste de l’année sans autre compagnie que de ses larmes et soupirs.

Sur la fin de l’année, le cardinal de Savoie vint en France pour remercier le Roi de l’assistance royale que le duc son père avoit reçue de Sa Majesté, et lui demander Madame, sa seconde sœur, en mariage pour le prince de Piémont, laquelle lui fut accordée sans qu’on en envoyât demander le consentement à la Reine sa mère, qui tint ce traitement plus cruel qu’aucun qu’elle eût reçu jusqu’alors, lui étant fait en une chose si intime comme lui étoit Madame, sa fille.

Durant cette année, l’empereur Mathias, qui avoit, il y avoit un an, fait élire l’archiduc Ferdinand roi de Bohême, à la charge qu’il ne se mêleroit des affaires du royaume qu’après sa mort, fit le même du royaume de Hongrie en sa faveur. Mais, incontinent après, Ferdinand se saisit de la personne du cardinal Clezel,