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cher d’en embrasser ouvertement les intérêts. Un jour il reprocha à la Reine, en leur présence, comme nous avons dit ci-dessus, le peu de confiance qu’elle avoit en eux, et que si elle continuoit ses soupçons, elle leur donneroit occasion de chercher ailleurs leur appui, sans considérer les sujets qu’elle avoit de se défier d’eux, qui n’avoient rien oublié à faire, durant la minorité, pour changer le gouvernement des affaires, et décrier sa conduite ; qu’ayant redoublé leurs appointemens dès le commencement de sa régence, et les ayant gratifiés de pensions excessives, pensant les retenir par leur intérêt en leur devoir, ils s’étoient servis du bien qu’elle leur avoit fait pour lui faire mal, avoient gagné les uns par argent, les autres par espérance, fait cabales dans la cour, pris les armes à la campagne, perdu le respect qu’ils devoient à leur souverain, troublé la tranquillité publique ; que tous les gens de bien désiroient voir leur insolence châtiée, et cependant, contre leurs vœux, ils avoient profité de la rebellion qui les devoit ruiner, et la Reine avoit porté le Roi à récompenser leurs fautes ; que sa bonté ne les avoit pas rendus meilleurs, et la paix n’avoit pas été plutôt conçue qu’ils ne méditassent une nouvelle guerre. On parla du mariage du Roi, ils menacèrent de s’y opposer ; le Roi l’entreprit, ils arment aussitôt pour en troubler l’exécution. Leur crime ayant donné au Roi sujet de les punir, et leur foiblesse le moyen, la Reine s’étoit contentée de le pouvoir faire. On avoit traité avec eux, le Roi les avoit reçus en père au lieu de les châtier en maître ; et qu’après tout cela, ils n’avoient pas plutôt été de retour dans la cour, qu’ils s’étoient proposé de s’en