Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sieurs de Bouillon et de Lesdiguières s’accordèrent, le premier ayant porté M. le comte jusqu’à l’engager à faire un mauvais parti au chancelier, l’autre s’étant obligé envers eux, en cas de nécessité, de leur amener jusqu’aux portes de Paris dix mille hommes de pied et cinq cents chevaux.

Le terme qu’avoit pris M. le comte étoit au retour d’un petit voyage qu’il alloit faire en Normandie ; mais, auparavant qu’il arrivât, il changea de volonté par l’avis du marquis de Cœuvres, qui lui conseilla de n’exécuter pas de sang-froid ce qu’il avoit entrepris dans l’ardeur et la promptitude de la colère.

En ce voyage de Normandie, le maréchal de Fervaques, qui étoit gouverneur de Quillebeuf, en fortifia la garnison de quantité de gens de guerre extraordinaire. M. le comte s’en offense, envoie vers la Reine pour s’éclaircir si c’étoit de son commandement qu’il en eût usé de la sorte ; la Reine, à l’insu de laquelle cela s’étoit fait, commanda au maréchal de Fervaques de venir trouver le Roi, d’ôter la garnison de Quillebeuf, et y recevoir quelques compagnies de Suisses, en attendant que M. le comte fût retourné à la cour.

M. le comte n’est pas satisfait ; il prétend que, comme gouverneur, il est de son honneur que ce changement de garnison soit fait par lui, et non par aucun autre à qui Sa Majesté en donne charge.

À ce bruit, M. de Rohan, qui étoit à Saint-Jean-d’Angely, lui envoie faire offre de sa personne et de son crédit dans le parti des huguenots ; toute la ligue de la maison de Guise, excepté M. d’Epernon, prit ce temps pour essayer de s’accommoder avec lui.