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ANCIENS MÉMOIRES

loüet, capitaine de la Rocheposay, Guillaume le Baveux, Ivain de Galles, et un autre chevalier que l’on nommoit le Poursuivant d’amours. Il les consulta tous sur les mesures qu’il avoit à prendre dans une occasion de cette consequence, leur representant que la place devant laquelle ils étoient postez, n’étoit pas une affaire d’un jour, et qu’il étoit important de s’en assûrer avant que d’entrer plus avant dans le païs, de peur que Cressonval qui commandoit dedans, ne les harcelât par derriere, ayant une très-forte garnison d’Anglois, qui pouroient faire des courses sur eux, et les troubler dans les expeditions qu’il leur falloit entreprendre pour dénicher leurs ennemis du royaume de France.

Les avis furent fort partagez dans ce conseil. Les uns estimoient qu’une forteresse de cette consequence, située sur la riviere de Loire et bien fortifiée, meritoit bien qu’on l’assiegeât par degrez et dans touttes les formes ; d’autres vouloient qu’on l’insultât sans la marchander davantage. Mais le sentiment de Bertrand prevalut sur celuy des autres, et fut universellement suivy, quand il opina qu’il croyoit qu’il étoit necessaire, avant touttes choses, de pressentir Cressonval, gouverneur de Saint Maur, qu’il connoissoit de longue main pour avoir fait la guerre avec luy pendant plusieurs années en Espagne. Il envoya donc un heraut de sa part à Saint Maur, pour prier Cressonval de luy venir parler, et lui mettre un saufconduit ou passeport entre les mains, pour le guerir de tout le soupçon que ce message luy pourroit donner. Il ne balança point à sortir de sa place sur de si bonnes sûretéz, ordonnant à son lieutenant de bien veiller sur tout, de peur d’être