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SUR DU GUESCLIN.

aux autres, en criant : Guesclin ! Saint Paul ! le Perche, Raineval ! Renty ! Ils monterent tous à la file, et s’étans rendus les plus forts, ils chasserent les ennemis du poste qu’ils occupoient auparavant, et s’étant répandus ensuite dans la ville, ils y jetterent tant de frayeur, et firent une si cruelle boucherie des Anglois, que le commandant s’estima bienheureux de s’évader par une poterne dont il s’étoit réservé la clef. La ville se rendit aussitôt, où les soldats firent un butin fort considérable, et trouverent beaucoup de vivres et de vins pour s’y raffraîchir et s’y délasser de touttes les fatigues que leur avoit coûté cette conquête.

Bertrand ne se contentant pas de ce premier succés, dépêcha par tout des coureurs pour sçavoir où les fuyards s’étoient refugiez après leur défaite à Ponvallain. Ce general apprit que le debris de cette armée battuë s’étoit retiré dans Saint Maur sur Loire, et que les Anglois ne s’y croyoient pas en sûreté depuis qu’ils avoient sçu que la forteresse de Baux avoit été prise d’assaut. Cette surprenante nouvelle les y fit tenir sur leurs gardes avec plus de précaution que jamais ; car le seul nom de Bertrand les faisoit pâlir, et quand ils entendoient le moindre bruit, ils s’imaginoient le voir aussitôt à leurs portes. Leur terreur ne fut pas vaine ny panique ; car ils furent investis par les François, qui planterent le piquet devant leur place avec beaucoup d’ordre et de discipline, faisans mine d’y vouloir établir un siege dans touttes ses formes. Bertrand, avant que de rien entreprendre contre une place si forte d’assiette, trouva bon de tenir conseil avec les seigneurs qui commandoient dans son armée. Ce fut dans cet esprit qu’il appella Guillaume de Lannoy, Caren-