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ANCIENS MÉMOIRES

demeureroit pour garder la ville, et que l’autre iroit au devant du secours.

Le Besque de Vilaines ayant eu le vent de cette resolution, se tenoit au guet pour les observer. Il les apperçut sur la pointe du jour, sortans de la ville, pour aller joindre le roy Pierre, et pour soulager d’autant Tolede, où la famine commençoit à faire une étrange ravage. Le Besque s’alla poster dans une embuscade, à dessein de les couper dans leur passage et de les tailler en pieces. Il prit si bien là dessus ses mesures, qu’il les chargea lors qu’il y pensoient le moins, dont il en tua la meilleure partie ; le reste fut pris, ou mis en fuite. Quand ceux qu’on avoit laissé dans la ville, virent cette grande defaite, ils firent sonner le tocsin pour courir aux armes. Leur porte étoit encore ouverte, et leur chaîne lâchée, ce qui donna cœur aux assiegeans pour se presenter aux barrieres, ayans le roy Henry à leur tête, qui tenant un dard dans sa main, le lançoit contre les bourgeois, leur reprochant leur felonnie de l’avoir trahy de la sorte pour se donner à son ennemy, qui venoit d’abjurer le christianisme, et les menaçant de les faire tous pendre sans pardonner à pas un d’eux tous, s’ils se laissoient prendre d’assaut, et que pour ce qui regardoit les juifs et les sarrazins, il les feroit sans remission brûler tous vifs. Ce prince poussant toûjours son cheval et ses gens contr’eux, les recoigna jusques dans leurs portes.

Le gouverneur encore plus aigry de touttes les tentatives d’Henry, fit jetter une grêle de cailloux et de pierres sur luy, criant à pleine tête que tous ses efforts étoient vains, puis qu’il étoit résolu de se faire ense-