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SUR DU GUESCLIN.

Guesclin, qui ne voulant point degenerer de la valeur de son parain, demanda l’enseigne de ce fameux general, et fut assez heureux pour monter au travers d’une grêle de coups, sur le haut d’un mur, où il planta l’étendard de Bertrand. Trois cens soldats le suivirent et le joignirent sur le même rampart, crians Guesclin ! Les assiegez voyans leurs ennemis sur leurs murailles, et croyans tout perdu pour eux, se mirent à genoux, et crierent misericorde ! Ils ne balancerent plus à faire l’ouverture de leurs portes à ce grand capitaine qui se saisit de cette place, dans laquelle il trouva beaucoup d’Espagnols qui avoient deserté le party d’Henry, pour embrasser celuy de Pierre. Il leur fit mettre les fers aux pieds et aux mains, et les envoya dans cet état à ce prince, qui, se souvenant de leur defection, les fit tous pendre aussitôt qu’ils furent arrivez à Burgos où il tenoit sa cour.

Cette conquête fut la derniere de touttes celles que Bertrand fit en Espagne. Il ne songea plus qu’à se rendre au plûtôt auprés du roy de France, qui l’attendoit avec impatience. Il congédia tout ce qu’il avoit d’Espagnols dans ses troupes, et se reserva seulement les François et les Bretons. Il combla les premiers de largesses et de presens en les renvoyant en leurs païs, et promit aux seconds de grandes recompenses s’ils servoient bien leur souverain contre les Anglois, qui pretendoient se rendre maîtres de la France et y faisoient d’étranges hostilitez. Comme il se disposoit à partir, le maréchal d’Andreghem arriva de la part du Roy, son maître, poiir luy dire qu’il se hâtât, et que tout le royaume luy tendoit les bras pour luy demander du secours contre ses enne-